Sunday, June 20, 2010

the end ...


Le dernier jour nous parcourons le trajet ver Delhi, quelques visites éclair et déjà le retour.A l'aéroport, une mésaventure cocasse : Marie-Ange doit expliquer (en anglais qu'elle ne parle pas) qu'elle s'est faite voler sa chaise roulante et ses bagages (ben oui, l'humanitaire donné, les sacs de voyage en tissus ont été placés dans les valises solides). Les employés de l'aéroport se confondent en excuses et là, les tensions nous font tous éclater de rire, nous essayons d'être discret mais peine perdue. Les corps sont fatigués, éprouvés par la chaleur, le manque de repères alimentaires et donc le manque de nourriture. Nous avons eu une malade, des manques affectifs qu'il a fallu apaiser, rien de grave. Nous nous sommes découverts mutuellement, nous avons de la peine à nous quitter à Tournai.


Ce fut magique, époustouflant. Je terminerai par ceci :
Pour aller en Inde oubliez votre montre, que vous êtes Belges et vos repères.
Souriez, Faites « Namasté «
Ouvrez grand vos yeux et votre coeur
Ne jugez pas, ne jugez rien

Bon voyage

To be continue

The project !




Ensuite direction Manoharpur et son hôpital. Collier de fleurs, point sur le front, visite des bâtiments terminés et même carrelée pour la salle d'op prête à fonctionner. Le chirurgien est ravi et opère depuis quelques mois déjà. Tout en étant de campagne, cet hôpital est géré comme les grands centres : prévention des MST, moyens de contraception gratuits, suivi des patient tuberculeux, service de cardiologie, pharmacie .... Toute l’infrastructure existe sauf l’équipement de la salle d’opération(en cours), de la salle d’accouchement, le groupe électrogène et l'appareil à rayon X. Nous sommes conscients des efforts réalisés par la population, en effet 6 mois plus tôt l'hôpital était encore une ruine en chantier. Nous sommes vraiment partenaires, pas d'assistanat. Shoukria : cela veut dire « MERCI » pour nous avoir aidé, nous sommes alliés dans cette histoire et rien ne pourra nous séparer, nous n'oublierons pas. Vous nous avez apporté l’impulsion à nous d’en faire bon usage. Ce n'est pas un simple merci protocolaire.

Déballage de nos sacs humanitaires, tout est étalé sur les lits (10) pour inventorier et expliquer les usages de certaines choses inconnues par le jeune chirurgien qui opère depuis quelques mois dans cet hôpital. Il loge dans de locaux mis à sa disposition, il est séparé de sa femme qui apprend la dentisterie et ne la voit que tous les 6 mois. Inimaginable pour nous européens.


Notre aide à l'équipement de cet hôpital fait grandir sa notoriété car la qualité des soins devient très bonne ce qui draine une patientée plus aisée qui paye une partie de ses frais et donc fait entrer de l'argent ce qui permet à l'hôpital de devenir autonome d'un point de vue financier.

Une collation nous sera offerte dans les habitations des médecins (bananes et eau).




L'hôpital avant ...













L'hôpital après ...














J 7 : water world ..


Le jour suivant, nous nous rendons au point d'eau, quel plaisir de voir les enfants boire au robinet alors que nous avons encore en mémoire la photo de cet enfant avec sa bouteille d'eau saumâtre, vidange d'une grande firme mondiale de soda. L'école a réussi à trouver des bancs ce qui apporte un réel confort aux enfants en plus des tapis de sol. Nous assistons à l'arrivée d'un loulou avec son papa et son petit frère. Comme chez nous les premiers jours sont difficiles et il tendait son cartable à son frère pour qu'il le remplace sur les bancs. Fou rire général, cette scène est si semblable à ce que l'on connaît.

tout est dit ...


L'après midi, nous ferons une rencontre inoubliable avec un Grand Monsieur qui depuis des années prend en charge des enfants abandonnés ou orphelins. Ils sont rares mais quand même, le développement des villes favorisent cet état de chose. + de 500 enfants ont eu droit à l'éducation, la scolarité et à un avenir grâce à ce Monsieur. Dans son quartier il n'est pas bienvenu car ses enfants dérangent : trop pauvres, trop basse caste .... que sais-je! Monsieur sous les pressions de son entourage doit déménager avec ses 18 enfants qui sont sous son toit actuellement. Donc, ils ont acheté un terrain à l'extérieur de la ville et construisent une maison avec les moyens du bord.

Il peut leur offrir l'indispensable : de l'amour, la sécurité d'un foyer, la scolarité, une nourriture frugale et un vêtement. Ils vivent tous dans le dénuement, n'ont pas accès au superflu si petit soit-il.
Ils seront notre projet suite. Monsieur est âgé (+ de 70 ans) et ne sera pas éternel. Dipac, un jeune garçon timide a été choisi par Monsieur pour continuer son oeuvre, c'est lui qui nous a ouvert les portes de sa future maison et avec quels yeux !!! Ils exprimaient toute la fierté qu'il avait à poser ce geste. Il a pris pour ce faire le bus avec nous pour la première fois de sa vie. Dans son futur quartier, les enfants n'avaient jamais vu d'étranger, nos jeunes se sont immiscés dans leur jeu et ce fut du délire, quel enthousiasme !!!!
Voici les réactions de nos élèves :
Julien dit : Merci, leur sourire c'est le meilleur
Laurie dit : Le vrai sourire d'un enfant alors qu'ils n'ont rien
Cécile dit : Quelle émotion !! Touchée par l'insalubrité et leur sourire
Jennifer dit : Touchée par la chaleur des enfants
Florine se sent égoïste, elle veut donner
Anne Sophie dit : Y a un truc à faire, Dipac dans le bus avec ses grands yeux qui ne veulent rien perdre
Alicia a la sensation de ne plus pouvoir partir
Etienne dit : c'est fou, prêt à pleurer
Anne-so dit : tout est dit
Marie-Ange est attirée par ce projet et veut s'y lancer à fond
Françoise dit : ne plus jamais oser se plaindre d'aise



Nous avons également visité le centre de médecine ayurvédique de Jaipur. L'accueil fut un peu froid au départ puis l'atmosphère s'est détendue. Je crois que la crainte de son directeur est de « voir une partie de sa médecine reprise par des personnes occidentales mercantiles et peu scrupuleuses et d'en tirer profit ». Oui les massages et l'aspect sympa pour un européen font partie de cette médecine mais elle n'est pas que massage et beauté. Cette médecine vise à vider le corps de ses toxines par la prise de purgatifs et de vomitifs, ensuite en fonction des symptômes et des réactions du corps de l'individu, cette médecine vise au rééquilibrage des énergies par la prise de remèdes à base de plantes, de méditation, de yoga, de massages. Bref une médecine séculaire toujours d'actualité en Inde qui soigne le corps et l'esprit.


J 6 : College of nursing


Le lendemain nous visitons une école de nursing. La formation dure 4 ans pour obtenir l'équivalent d'un baccalauréat suivi de 2 ans pour l'obtention du master. Là aussi, les subsides manquent et seuls une soixantaine d'élèves peuvent entamer le cycle de formation chaque année. La pénurie d'infirmiers est telle qu'à ce rythme, il sera impossible de combler le déficit.


La principale du collège est infirmière psychiatrique. Chaque personne qui pénètre dans son bureau s'incline devant la déesse de la connaissance. (A faire en Belgique pour le respect ????)

Chaque élève choisira sa spécialité en fonction du pourcentage obtenu. Les spécialités sont au nombre de 5 : la psychiatrie, la pédiatrie, la médecine préventive, l'infirmier médical-chirurgical et enfin l'infirmier spécialisé en maternité.

Pour entamer le master, il faut obligatoirement 2 ans d'expérience en hôpital.

Un doctorat est possible après plusieurs années d'expérience hospitalière et 3 années supplémentaires d'études.

Le salaire moyen d'un infirmier après 2 ans d'ancienneté est de 200€, il sera de 400€ après 2 années supplémentaires. Cela suffit en Inde pour faire vivre une famille (grands-parents, frères, soeurs...) mais pas à acheter une voiture. Leur diplôme étant international, ils s'expatrient souvent dans l'espoir d'une vie meilleure. L'Angleterre est leur terre de prédilection.

Dans le Rhajastan, 54 collèges privés et 1 seul de l'état forment des infirmiers. Inutile de vous dire que les collèges privés sont hors de prix pour la plupart des Indiens.

Un vrai échange dans le bus, à l'écart du bruit avec ses infirmiers qui nous ont donné de leur temps un dimanche fut un vrai plaisir. Nous nous promettons de nous revoir.

J5 : l'hôpital des 20.000


Le jour suivant, le dimanche nous visitons l'hôpital central de Jaipur. D'abord la maternité qui est séparée du reste de l'hôpital central. Le service médical public est divisé en 3 catégories en Inde : l'hôpital central d'un état (ici le Rhajastan), des hôpitaux de seconde catégorie dans les diverses provinces et enfin des hôpitaux de proximité dans certains villages dont Manoharpur que nous aidons.



- La maternité accueille les grossesses à risques. Les femmes enceintes dont les grossesses se déroulent normalement accouchent encore à domicile ou alors viennent à la maternité, accouchent et sortent le lendemain. Poids moyen d'un bébé indien : 2 kg à 2kg500. C'est 1 kg de moins que la moyenne belge. Les indiens sont lacto-ovo-végétariens, consomment rarement voir pas du tout de poisson (en fonction de leur caste d'origine) sont pour la plupart pauvres et n'ont donc pas accès à un grand nombre de denrées alimentaires. Les grossesses à risques ont les mêmes causes que chez nous : pauvreté, travail harassant, manque de sommeil, drogues, sida, tuberculose....L'organisation est sans faille mais l'argent manque alors, c'est la débrouille. La prévention est une règle en Inde : prévention de grossesses non désirées, du sida, de la tuberculose, des MST, de la drogue etc....

- Le malade en Inde est accompagné par toute sa famille (entendez frères, soeurs, oncles, tantes, parents, enfants...) à l'hôpital, ils dorment tous à l'extérieur sous des abris de fortune ou dans des logements en dur en fonction des revenus familiaux pendant que le malade reçoit 2 laissé-passé pour sa famille et entre à l'hôpital avec ses deux personnes. Les laissé-passé peuvent changer de mains mais sont contrôlés par un garde afin que l'hôpital qui ressemble déjà à une ruche ne soit pas transformé en capharnaüm. C'est la famille qui prendra en charge les soins tels que la toilette, le levé du lit... bref tous les actes qui ne demandent pas la présence pointue de l'infirmière car si la norme parle de'1 infirmière pour 4 patients elles sont en réalité 1 pour 100 patients.

- L'hôpital central accueille plus de 20000 patients par jour, c'est hallucinant. Nous comprenons que l'Inde est le pays de la démesure. Le choc est violent, il y a tant à faire, tant d'aide nécessaire, nous sommes tous choqués par les conditions de soins car l'argent manque cruellement. Nous mesurons notre chance d'être bien nés.

- Dans l'enceinte de l'hôpital les habitations du personnel, l'université. Bref un peu comme chez nous mais avec plus de proximité. Le personnel est rappelable en renfort à toute heure si le besoin se fait sentir.

- Chaque étage de cet hôpital accueille un service, les mêmes qu'en Belgique.

- Nous retrouvons toujours le côté des femmes et le côté des hommes.

- 1 salle d'op pour les femmes, une autre pour les hommes

- La réa et soin intensif juste à côté

- Hospitalisation en service ordinaire encore à côté.

- Quand le patient arrive, il s'annonce au guichet qui lui est dévolu en fonction de ses richesses ou de sa pauvreté. Il reçoit sa carte de couleur différente en fonction de son statut : les pauvres ont les soins et les médicaments gratuits (Ils les trouvent dans la pharmacie de l'hôpital); les moins pauvres ne payent pas les soins mais une partie des médicaments est à leur charge au prix fixé par l'état (la pharmacie est dans l'enceinte extérieure de l'hôpital) et les riches payent tout, les soins et les médicaments qu'ils doivent acheter hors de l'hôpital. Il n'y a que les fonctionnaires qui bénéficient d'un remboursement par leur assurance de l'état.

- En ce qui concerne le besoin éventuel d'une transfusion sanguine, l'auto-transfusion n'existe pas, si 1 personne a besoin de sang, il proviendra d'un membre de sa famille. En cas d'incompatibilité rhésus, la poche familiale rejoint la réserve et une poche compatible lui sera transfusée. Le questionnaire à remplir est en tout point similaire au questionnaire de chez nous au dire de Damien, les dons se font max 1 fois tous les 3 mois

- En ce qui concerne les déchets : tri sélectif comme chez nous.

- Poubelles noires : déchets non infecté généraux

- Poubelle jaune : déchets infectés et coton infecté

- Poubelle rouge : Plastiques, bouteilles, cathéter

- Poubelle bleue : seringues, ampoules, scalpel, etc...

- Tous les services (rhumatologie, stomatologie, cardiologie, chirurgie viscérale ... existent comme chez nous, il n'y a que la gynécologie qui est décentralisée dans la maternité du Rhajastan.

- Une fois le patient en possession de son titre d'hospitalisation, il est dirigé vers les urgences hommes ou femmes, il y recevra les soins nécessaires et en cas de besoin sera dirigé vers le service adéquat. Peu d'hospitalisation en regard du nombre de visites. De plus, la durée est souvent plus courte que chez nous car dès que l'état du patient ne nécessite plus de soins pointus, la famille entourera son malade et le prendra en charge.

- Au niveau de la pharmacie, l'Inde est le premier producteur de médicaments génériques au monde ce qui permet d'offrir une qualité pharmaceutique à moindre frais.

- L'hôpital central est nettoyé 3 fois par jour par des sociétés extérieures mais le manque d'eau est visible : il est probable que le même seau serve longtemps.

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- La salle de plâtre est ancienne. Madame Bezin en connaît le fonctionnement mais les jeunes non. Pas de sou, alors la débrouille : des bandes de gaze et un sac de gips (plâtre en poudre). Le préparateur déroule sa gaze et emplâtre la bande au fur et à mesure. Ensuite soit il l'enroule soit la replie en fonction du type de plâtre à poser (plâtre circulaire ou gouttière). Un mini film est tourné et comme il n'y a pas de patient, le préparateur simule une fracture et se fait plâtrer le poignet : les gazes sont mouillées sous l'eau courante et déroulées comme nos plâtres modernes. Il nous explique que les plâtres synthétiques existent mais sont trop chers, alors : système D.

- La salle la plus moderne de l'hôpital central est l'unité de soin intensif : tout le matériel moderne que nous connaissons s'y trouve. Sinon, l'hôpital manque de tout : personnel, lits, petit matériel de soin .....